Loly Bolay présidente

mardi 20 novembre 2007
par  PS-GS

Une saconnésienne première citoyenne du canton !


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Discours d’investiture de Loly Bolay à la présidence du parlement genevois le 16 novembre 2007













Mesdames et Messieurs les député-e-s, je tiens tout d’abord à vous exprimer ici toute ma reconnaissance et toute ma gratitude pour l’honneur que vous me faites de m’élire à la présidence de ce parlement.

Ces remerciements et cette reconnaissance vont également à mon parti, le parti socialiste, qui m’a donné la possibilité d’accéder à cette haute fonction.

Mais en tout premier lieu, j’aimerais, si vous le permettez, Mesdames et Messieurs les député-e-s, adresser quelques mots dans ma langue maternelle aux autorités espagnoles qui m’ont fait l’honneur et l’amitié d’être présentes :

Excelencia, Señor Embajador de España en Suiza,
Excelencia, Señor Embajador de la Misión permanente de España en las Naciones Unidas,
Excelencia, Señor Consul general de España en Ginebra,
Excelencia, Señor Secretario general de la inmigración,

Quisiera agradecerles por su presencia en este día importante en la vida politica y institucional de este cantón, y un poco también para mi país de origen. Señorias, su presencia es un gran honor para mí. Espero tener la oportunidad de saludarles al final de este acto.

J’aimerais saluer également les anciens président-e-s qui nous font l’amitié d’être là, le conseiller administratif Manuel Tornare, Armand Magnin, les représentantes et représentants des associations italiennes, portugaises, turques, du Kosove et, bien sûr, des associations galiciennes et espagnoles.

Je tiens à remercier tout particulièrement la présidente sortante, Madame Anne Mahrer, avec laquelle j’ai eu la chance de travailler. Sa force tranquille, son pragmatisme, sa manière de mener les débats sans jamais se défaire de son sourire, sa disponibilité m’ont impressionnée. Et pourtant les défis et les écueils n’ont pas manqué ! Elle a su pourtant faire preuve de compétence et surtout d’aplomb pour les affronter. Chère Anne, tu vas me manquer ici au perchoir, car, d’un tempérament du Sud, comme tu as pu t’en apercevoir, je ne suis pas persuadée que j’aurai la force de caractère pour rester, comme toi, d’un calme olympien !

Je remercie tous les autres membres du bureau avec lesquels j’ai passé une année enrichissante et pleine de bons moments.

Et je voudrais bien sûr dire que le service du Grand Conseil tient une place importante dans l’accomplissement de notre tâche, par sa disponibilité, son savoir-faire, son professionnalisme qui nous permet de faire face au travail immense que représente la préparation de nos ordres du jour, avec la présence sans faille de Maria Anna Hutter. Merci pour tout ce que vous faites, je me réjouis de prolonger cette collaboration !

Mesdames et Messieurs les député-e-s, aujourd’hui est une date importante et on peut dire qu’un nouveau pas a été franchi, non pas parce que je suis élue à ce perchoir, mais parce que pour la première fois une des vôtres issue de l’immigration de première génération devient la première citoyenne du canton.

Votre choix est aussi un message de reconnaissance à toutes celles et à tous ceux qui, comme moi, ont un jour choisi ce pays pour y vivre, quelles que soient les circonstances qui nous ont poussés à le faire.

J’aimerais saluer au passage mes collègues député-e-s qui sont aussi d’origines diverses. Ils-elles se reconnaîtront.

Mesdames et Messieurs les député-e-s, la Suisse s’est construite au fil des siècles, elle a su intégrer ses différences tout au long de son histoire. Elle est depuis des lustres une terre d’accueil pour les persécutés. En 1550, déjà, Genève donne refuge aux protestants qui s’exilent de France et d’Italie ; la population de la ville double en dix ans. Au XIXe siècle, la croissance de la population de notre canton est surtout due aux immigrants étrangers. En 1850, la proportion de ces derniers est de 24%, alors qu’elle sera de 42% en 1913, dont une majorité de Français. Puis, au début des années 1960, c’est l’immigration dite « économique », avec tout d’abord les Italiens, les Espagnols et les Portugais.

Cette main-d’œuvre s’oriente là où le pays a le plus besoin de bras, principalement dans les métiers du bâtiment. Ces étrangers ont construit nos routes, nos écoles, nos appartements. Des ouvrages tels que les tunnels du Simplon et du Lötschberg, pour ne citer que ceux-là, n’auraient sans doute jamais vu le jour sans leur participation ; des hommes, dont beaucoup perdront leur vie à la tâche. La tragédie du Mattmark, où 88 ouvriers sont morts, dont une grande majorité d’Italiens, restera gravée dans la mémoire collective.

Puis c’est l’arrivée des persécutés de guerres, ceux d’Amérique latine d’abord, du Chili, suite au coup d’Etat de Pinochet, et d’Argentine, et plus tard l’immigration du Kosove, de Serbie, puis de pays plus lointains, comme la Turquie, le Maghreb, l’Inde et bien d’autres encore. Tous, ou du moins la grande majorité d’entre eux, ont su s’intégrer, s’adapter. Ils font partie de notre quotidien, ils sont devenus nos voisins, nos collègues de travail, nos amis.

Cette République, petite par sa superficie, mais ô combien grande par sa générosité, peut se vanter d’avoir sur son territoire une multitude de nationalités, un assemblage de cultures, une mosaïque, une multiculturalité, et c’est sans doute ce qui fait sa force aussi.

Mais, Mesdames et Messieurs les député-e-s, la générosité de l’accueil ne consiste pas à faire payer les droits acquis par des devoirs imposés d’une manière dissimulée. L’intégration, c’est savoir reconnaître la culture et l’identité de l’autre, et, sur cette base, lui donner les droits pour qu’il s’intègre dignement sans perte d’identité. Le droit d’être intégré sans discrimination, d’avoir un toit, un travail, s’accompagne aussi du devoir de respect du pays où l’on vit, de ses lois et de ses us et coutumes.

Ceux qui prétendent que l’avenir de ce beau pays est le repli sur soi et pensent qu’on a raison tout seuls se trompent : la Suisse est devenue telle qu’elle est, telle que le monde l’admire, justement parce qu’elle est ouverte sur le monde, sur les autres, tolérante et humaniste. Il ne saurait en être autrement à Genève, siège des organisations internationales, berceau des droits de l’homme, patrie d’Henry Dunant ; Genève qui, un 15 novembre 1920, accueillait la première assemblée de la Société des Nations, devenue l’Organisation des Nations Unies en 1946, et où déjà le souffle de l’esprit de Genève s’étendait au monde entier, Genève, « ville de paix », est la plus petite des grandes capitales et la plus cosmopolite aussi.

Mon arrivée à Genève se situe à un moment où le peuple suisse devait se prononcer sur une initiative qui visait à limiter l’entrée des étrangers. C’était l’initiative Schwarzenbach. A ce moment-là, à peine arrivée, j’étais une sans-papiers. Pas pour longtemps, le temps d’une votation ; à mon plus grand soulagement et à celui de beaucoup d’autres, le peuple suisse refusera cette initiative. J’arrivais d’un pays de dictature, l’Espagne de Franco, ce pays devenu aujourd’hui une vraie démocratie ; l’Espagne, totalement métamorphosée depuis qu’elle fait partie intégrante de l’Union européenne.

L’engagement en politique se situe parfois à un moment où les aléas de la vie nous surprennent durement. La politique m’a aidée à surmonter bien des épreuves, elle m’a surtout permis de rendre un peu de tout ce que ce pays m’a donné.

J’aimerais aborder ici le thème du respect : le respect des institutions, le respect de l’autre, dans cette société où l’individualisme prend une place prépondérante. Nous devons aujourd’hui plus que jamais mettre l’humain au centre de nos préoccupations. Avec un taux de chômage record, notre canton se doit de relever le défi de ce fléau. Mettre l’humain au centre de nos préoccupations, cela veut dire se battre contre les injustices sociales, car il n’est pas acceptable que dans ce pays, un des plus riches du monde, des personnes, des familles se retrouvent poussées dans la plus grande précarité, dans l’exclusion, alors que dans le même temps les revenus des nantis explosent. Mettre l’humain au centre de nos préoccupations, cela veut dire réduire les inégalités sociales en procurant à tout un chacun un toit, un emploi, afin qu’il ou elle retrouve sa dignité.

Le respect porté à nos institutions démocratiques, auxquelles nous sommes très attaché-e-s, doit être une réalité constante, entre collègues du parlement et entre les représentant-e-s des deux autres pouvoirs, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif. Les défis qui nous attendent durant les semaines ou les mois à venir plaident pour une plus grande collaboration entre les trois pouvoirs, sans pour autant renier la séparation des pouvoirs ancrée dans notre constitution depuis 1847. Cette collaboration est souhaitable pour le bien de cette république et de ses citoyens qui nous ont élu-e-s et nous donnent, par leur soutien, une parcelle d’un pouvoir somme toute assez éphémère !

Pour conclure, j’aimerais rappeler ici la tâche difficile qui est celle des député-e-s de milice que nous sommes. Il y a à l’évidence disproportion entre l’accomplissement de notre devoir et les moyens dont nous disposons. Même si, il faut bien le reconnaître, des améliorations notables ont été réalisées ces derniers temps.

Je tiens ici à rendre hommage et à remercier ceux qui m’ont précédée à cette fonction, je pense bien sûr aux anciens présidents et présidentes, Pascal Pétroz, Marie-Françoise de Tassigny, Michel Halpérin et Anne Mahrer, qui ont octroyé à ce parlement un meilleur fonctionnement et une meilleure visibilité. Je continuerai dans cette voie, en m’y employant avec toute ma force et mon énergie.

Loly Bolay, Présidente du Grand Conseil



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