Récemment, nous annoncions le lancement d’un référendum contre l’entrée de la commune du Grand-Saconnex dans le capital-actions de Palexpo SA pour un million de francs dans le but d’obtenir un siège dans son conseil d’administration. Ce référendum a reçu hier un dénouement pour le moins inattendu puisque le Conseil d’Etat a retiré l’objet de l’accord, rendant la délibération contre laquelle nous nous opposions caduque :
Le Conseil d’Etat a annoncé aux autorités du Grand Saconnex qu’il retirait, avec regrets, sa proposition de permettre à la commune de souscrire au capital de la nouvelle société Palexpo SA à hauteur d’un million de francs. Le Conseil administratif et le Conseil municipal avaient approuvé cette participation qui aurait permis au Grand Saconnex de bénéficier, à titre exceptionnel, d’un siège au conseil d’administration pour y faire valoir ses intérêts. Néanmoins, l’apparition de critiques et le lancement d’un référendum communal contre cette souscription sont susceptibles de porter préjudice aux relations avec l’actionnariat actuel et futur de Palexpo SA, au moment où la nouvelle société élargit son capital et entame d’ambitieux travaux de modernisation (point de presse du Conseil d’Etat du 12.10.2008).
Monsieur François Longchamp était venu en personne lundi dernier à notre séance du Conseil municipal expliquer en quoi ce référendum, indépendamment du fait qu’il aboutisse ou non, mettait en danger l’ensemble des négociations permettant de capitaliser la nouvelle société Palexpo SA. Il nous a annoncé la volonté du Conseil d’Etat de renoncer à l’accord qui avait précédemment été passé avec le Conseil administratif du Grand-Saconnex. Au vu de cet effet couperet, certains Conseillers municipaux de l’Entente ont proposé aux référendaires d’interrompre leur action afin de respecter l’avis de la majorité (même courte) qui avait accepté la participation au capital-actions. Nous nous sommes donnés une nuit de réflexion et nous avons en toute connaissance de cause décidé de poursuivre notre action, provoquant la réaction officielle du Conseil d’Etat relatée ci-dessus.
Notre position et nos réflexions par rapport à l’ensemble de cette affaire sont les suivantes :
Nous saluons la décision du Conseil d’Etat, qui nous paraît sage et de nature à préserver le développement de Palexpo SA dans un cadre professionnel. Elle est cohérente avec les intentions de la loi 10059 votée le 10 novembre 2007. Nous avons d’autre part apprécié le discours très clair de M. Longchamp devant le Conseil municipal du Grand-Saconnex.
Sur le fond, nous nous réjouissons de la décision du Conseil d’Etat, car elle est compatible avec l’objectif que nous visions.
Sur la forme par contre, notre sentiment est plus mitigé : notre intention de poursuivre le débat avec les quelque 5800 électrices et électeurs du Grand-Saconnex était à nos yeux la suite logique de l’approbation de ce projet par une très courte majorité du Conseil municipal. L’annonce du Conseil d’Etat rend ce référendum sans objet et arrête brutalement le processus démocratique que nous avons engendré. Ainsi, les 1200 électeurs étrangers, domiciliés en Suisse depuis 8 ans, n’auront pas l’occasion d’exercer prochainement et pour la première fois leur droit de participer à une votation sur le plan municipal au Grand-Saconnex.
Avant de rendre la décision mentionnée ci-dessus, nous avons soigneusement pesé ces arguments de forme et de fond.
Nous ne nous déclarons pas responsables du fait que ce dénouement très tardif a dû passer par cette action très inhabituelle du Conseil d’Etat. Dès les premières informations données dans notre commission des finances, nous avons posé des questions critiques, puis manifesté notre opposition. Lors du vote en commission, nous avons immédiatement annoncé un rapport de minorité. Nous avons donc été fort surpris lundi soir lorsque le président Longchamp a déclaré qu’il aurait attendu un vote unanime (ou presque) de notre Conseil. Ce n’est d’ailleurs qu’à cette occasion que nous avons reçu des indications précises sur l’ampleur du capital-actions et sur l’implication possible de divers partenaires économiques ou institutionnels.
Nous somme convaincus qu’un dialogue précoce avec les autorités exécutive et législative du Grand-Saconnex aurait permis de trouver une forme de collaboration (pas nécessairement à travers le conseil d’administration) permettant de défendre les intérêts de la population saconnésienne et qui aurait reçu une assise beaucoup plus large.
L’effet net de la décision qui vient d’être prise sera que l’un des sièges du conseil d’administration de Palexpo SA sera occupé par un représentant de l’Etat de Genève plutôt que du Grand-Saconnex. Ce représentant nous parait être bien plus compétent pour apporter une contribution stratégique positive au développement de Palexpo SA tout en tenant compte du cadre légal cantonal et fédéral. Notamment :
- les lois cantonales qui ont instauré la présence de Palexpo au Grand-Saconnex demandant que le parc Sarasin soit exempt de toute construction ;
- l’ordonnance fédérale pour la protection contre le bruit qui doit être appliquée pour le montage et le démontage des expositions ;
- l’ordonnance fédérale pour la protection de l’air s’applique pour réduire les nuisances dues à la circulation ;
- l’Etat est totalement compétent pour développer un système de transports publics efficace vers la zone d’exposition.
Les aspects opérationnels de logistique, de circulation et de stationnement doivent être gérés au niveau exécutif (direction) et non stratégique (conseil d’administration) de Palexpo.
Nous persistons à penser que le succès du développement du centre d’expositions, que nous soutenons, et le respect des intérêts de la population saconnésienne demandent que les représentations de ces deux entités ne soient pas mélangées.
Les référendaires : la section des Verts du Grand-Saconnex, la section du Parti socialiste du Grand-Saconnex, les élus du Groupe apolitique (GAG).